vulgarisation :ZNIEFF : Ensemble des pelouses calcaires et milieux associés

Un ensemble xérothermophile exceptionnel en Champagne-Ardenne

Cette Znieff de type II représente un vaste ensemble de 1943 hectares, riche en zones bien conservées de milieux prairiaux secs, secteurs rocheux, landes et boisements divers. Elle présente un relief vigoureux avec des falaises et des escarpements spectaculaires.

La pointe de Givet est en effet une mosaïque de groupements végétaux remarquables adaptés à la sécheresse (dits xérothermophiles) : pelouses calcaires nommées localement tiennes, végétation particulière des rochers et corniches rocheuses, broussailles à buis et à genévriers, chênaies pubescentes, hêtraies calcicoles.On y trouve aussi des champs cultivés, des secteurs habités et les prés de la vallée de la Meuse Les pelouses rases occupaient autrefois une grande partie du finage de la Champagne- Ardenne et étaient utilisés comme pâturages. Elles ne subsistent guère, sur de grandes étendues, que dans les camps militaires : les tiennes de la pointe de Givet comptent parmi les plus vastes et les mieux conservées de toute la région. Leur flore est très riche. Les rochers et corniches présentent une végétation analogue à celle des tiennes, mais davantage adaptée à la sécheresse, avec de nombreuses espèces d'origine méridionales (la pointe de Givet constituant une voie de pénétration importante pour celles-ci vers le nord).Les boisements sont constitués de chênes sessiles, de hêtres, de charmes, plus rarement de chênes pubescents (arbre méridional) et de buis en sous bois.

Le chêne pubescent constitue des forêts dans le Midi de la France. Dans notre région, il est rare et se localise au niveau de quelques versants très secs et très chauds, exposés au sud. On le rencontre souvent sous des formes hybridées avec les autres chênes régionaux.

La flore comporte de nombreuses raretés, notamment l'armoise blanche (dont les plus proches stations sont en Alsace et dans l'Yonne), la potentille des rochers et le cotonéaster (totalement inconnus ailleurs en Champagne-Ardenne, l'huntchinsie des pierres (très éloignée de ses stations bourguignonnes ou sud haut-marnaises), l'hélianthème des Apennins (bien à l'écart de ses localités de Haute-Marne), la phalangère à fleurs de lis (dont les stations de Givet sont les plus au Nord pour la France), la lunetière variable (très rare et qui possède à Roche à Wagne, sa seule localité de Champagne-Ardenne)… En tout se sont 11 espèces protégées et 27 espèces rares et menacées à l'échelon national ou régional qui s'observent dans cette Znieff remarquable!

La phalangère petit-lis ou phalangère à fleur de lis, aux magnifiques fleurs blanches épanouies en juin, est propre aux gazons ras et aux lisières ensoleillées des terrains calcaires ou schisteux (dans les Ardennes).Cette belle liliacée méridionale est rarissime dans le département où elle ne se rencontre qu'à la pointe de Givet et à Hautes- Rvières. Elle est protégée au niveau régional.

Une faune d'un intérêt exceptionnel

L'ensemble des sites de la pointe de Givet est extrêmement riche en nombre d'espèces de papillons. Une vingtaine d'entre elles est particulièrement rare ou présente un intérêt particulier, neuf présentent un intérêt majeur, notamment pour ne citer qu'eux, le damier de la succise (protégé au niveau national), le flambé et le thécla du prunellier, (situés ici à la limite de leur répartition), l'azuré de la croisette (présentant ici une station exceptionnelle, le fadet de la mélique...). La Znieff renferme les populations d'e sauterelles et de criquets les plus importantes du secteur. (8 espèces sont rares à l'échelon régional).La petite cigale des montagnes et la mante religieuse (qui est ici à sa limite de répartition vers le Nord) s'y rencontrent également.

Le fadet de la mélique (ou Iphis) fréquente les prairies, les pelouses sèches et les lisières. La chenille se développe sur certaines graminées (brachypode, brome, brize, crételle) et donne un papillon de couleur brun sombre à fauve. En France, il reste très localisé, mais il est plus abondant dans la moitié orientale du pays. Il fait partie de la liste des papillons menacés de Champagne-Ardenne.

Du point de vue ornithologique, il faut noter une bonne représentation générale avec un nombre élevé d'espèces par rapport aux possibilités d'accueil des milieux écologiques et la présence de certaines espèces inscrites sur la liste rouge des oiseaux de Champagne-Ardenne : l'alouette lulu, l'engoulevent d'Europe (nicheur rare et en régression sensible), l'hirondelle rustique et l'hirondelle de fenêtre (en déclin), etc.

L'Engoulevent d'Europe, est un oiseau rare dans nos régions, inscrit sur la liste rouge. Les pelouses plus ou moins arborées et les pinèdes claires constituent le biotope de  rédilection de ce migrateur. De moeurs nocturnes, il est difficilement observable

Les chauves-souris sont bien représentées au niveau des grottes et forts militaires de la pointe ainsi que dans la grotte du Bois le Duc : grand rhinolophe et petit rhinolophe, vespertilion à oreilles échancrées, vespertilion de Brandt, vespertilion de Bechstein, barbastelle, murin de Daubenton, vespertilion de Natterer, sérotine, oreillard gris et oreillard commun.

Le grand rhinolophe, d'une envergure pouvant atteindre les 40 cm, est une des plus grandes chauves-souris françaises. Il est reconnaissable à la forme de son museau en fer à cheval. Sédentaire, il choisit pour hiverner des abris souterrains ou des grootes à température régulière et humidité élevée. Il s'accroche à découvert au plafond, soit isolément, soit en populations plus ou moins importantes (de plus en plus rarement de nos jours à cause de la diminution des effectifs de l'espèce).L'hibernation commence en septembre-octobre et se termine au mois d'avril. Sensible aux dérangements humains hiver comme été, il est très menacé en Champagne-Ardenne. Il se rencontre dans la grotte de Bois le Duc dont il représente l'un des derniers sites d'hivernage pour cette espèce, sinon le dernier (il a certainement disparu des autres sites suite à la surfréquentation des autres milieux souterrains par les spéléologues).

Une protection et une gestion possibles

L'existence d'une Znieff ne signifie pas qu'une zone doive être protégée réglementairement : cependant il vous appartient de veiller à ce que vos documents d'aménagement assurent sa pérennité ; il conviendrait à ce titre que la zone soit inscrite en zone Np (zone naturelle patrimoniale) au plan local d'urbanisme (PLU).

La présence d'espèces protégées par la loi ont permis par ailleurs la prise d'arrêtés préfectoraux de protection de biotope (rochers du Petit Chooz, Roche à Wagne, rochers et falaises de Charlemont).L'ensemble des écosystèmes les plus précieux a été regroupé et a fait l'objet d'une mise en réserve naturelle (en 1999).Les gestionnaires de la réserve naturelle sont l'O.N.F. et le Conservatoire du Patrimoine Naturel de Champagne-Ardenne.

Un intérêt pour la commune

Le maintien en état d'une telle zone présente pour votre commune un intérêt biologique et scientifique majeur avec la conservation d'un patrimoine irremplaçable. Il présente aussi d'évidents intérêts géologiques, pédagogique, touristique et cynégétique.

L'hélianthème des Apennins est adapté aux sols secs. Il est propre aux gazons ensoleillés des terrains calcaires où s'épanouissent ses ravissantes fleurs blanches. D'origine méridionale, il ne se rencontre plus, en Champagne-Ardenne, que dans quelques pelouses. Il est en voie de disparition comme la plupart des espèces de ce milieu.

(dessin de Richard THIBAULT)

 

http://sig.champagne-ardenne.ecologie.gouv.fr/milieux_naturels/milnat_pdf/dep08/pdf_ZNIEFF/ZNIEFF_210002012_vulga.pdf

 



22/01/2009
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